Les ennemis (Zakaria Tamer)





Les ennemis (Zakaria Tamer)





Le policier siffle et aussitôt le soleil se lève. Sa lumière jaune comme le bois des vieilles potences éclaire les rues dé la ville.
A cet instant, les gens s'éveillent, à regret, avec des visages désespérés.


Deux moineaux sont perchés sur la branché d'un arbre, au bord d'une rue. Ils ne gazouillent pas en l'honneur du soleil matinal, mais échangent des regards inquiets et désemparés.
— Où voler ? dit l'un. Les avions occupent notre ciel
— II ne nous reste que le ciel des cages.
— Nous en oublierons de chanter.
Les deux moineaux regardent un avion noir traverser le ciel à la vitesse de l'éclair. Ils échangent un autre regard inquiet. La ville leur semble une gueule aux crocs voraces.
Ils avalent des pilules empoisonnées et tombent morts sur le trottoir de ciment.


Deux vieillards marchent à petits pas. Tristes, ils échangent des propos :
— La fin des temps est proche...
— Tout va de mal en pis !
— Il est temps de rédiger la pétition...
— Quelle pétition ?
— Celle qu'il nous faut adresser à Dieu. Il est grand ! Qu'allons-nous écrire ?
— Ceci : les soussignés sollicitent du Maître de la Création l'envoi d'une armée d'anges qui prendra position aux frontières pour combattre l'ennemi, sous réserve qu'elle ne nous traite pas en prisonniers de guerre...
— Que ferons-nous si notre demande n'est pas exaucée ?
— Nous rédigerons une autre pétition pour demander d'être exemptés des cinq prières !
— Et s'il n'est pas d'accord ?
    Pourquoi non ? Il nous dispensera aussi du jeûne. Il est le Clément, le Miséricordieux.


Des enfants, dans la cour d'une école. Ils se livrent avec passion à un nouveau jeu :
— Je suis Tarzan...
— Je suis Antara..
— Je suis un millionnaire...
— Je suis l'inventeur de la bombe atomique…
— Je suis un policier...
— Je suis l'inventeur des avions,
Les enfants se jettent sur l'inventeur des avions, le bourrant de coups de pieds et de coups de poings, il hurle au secours.


Louange à Dieu qui nous a créés hommes. Nous nous élançons de l'avant à l'heure du danger, tel le vent. Jamais détruits, nous nous en sortons toujours.
Louange à Dieu qui ne nous a pas créés femmes, assises dans des maisons et que les bombes des ennemis déchiquètent comme de vieilles chaussettes.
Louange à Dieu, lui seul en est digne.


On questionne un astrologue sur l'avenir. Il dit sans hésiter :
Les grands périront ; les petits périront ; les chats, les oiseaux et les fleurs seront détruits, Les livres, les drapeaux, les maisons seront brûlés ainsi que tes bancs des écoles et les photos-souvenirs. Le napalm effacera les rires, la langue arabe et les épis. Les hôpitaux seront détruits. Les femmes sortiront dans les rues sans voile.
Quand cette prédiction fut publiée, détaillée dans un livre, les patriotes furent unanimes à réprouver ce qu'elle annonçait à propos des femmes. Ils s'exhortèrent les uns les autres à sacrifier jusqu'à leur vie pour empêcher cette abomination de se produire.


Les hommes sont sur le point de faire leur prière, dans la mosquée. Ils sont regroupés, anxieux, autour du cheikh. L'un d'eux lui demande d'une voix tremblante. : Notre cheikh, y a-t-il des avions au paradis ? Pas d'avion au paradis, répond le cheikh. Tous soupirent, rassurés. Louange à Dieu, disent-ils dans leur joie.


Par Dieu, notre silence à propos de .l'ennemi n'avait pas pour cause la faiblesse mais notre refus, notre fierté, notre confiance en nous-mêmes. Ils disaient : Nous voulons votre pétrole.
Nous avons répondu : Prenez notre pétrole. Nous sommes les descendants de Hâtem, de la tribu de Tay.
Ils disaient : Déclarez une guerre sans merci aux idées importées :
Nous avons répondu : Nous sommes experts dans l'art de l'escarmouche et nous avons dressé des potences et bâti des prisons.
Ils voulaient s'emparer d'une ville. Nous leur avons donné des villes et encore des villes, mais nous ne faisons pas attention à eux. S'ils possèdent des avions et des bombes, nous, nous possédons les vraies valeurs et nous obéissons à des principes célestes. Quelle différence entre ce qu'ils ont et ce que nous avons ! Nous sommes forts parce qu'armés d'âmes et de droits, non de matière éphémère et transitoire.




La langue arabe a obtenu la .distinction la plus élevée dans l'ordre du mérite national pour sa participation à la transformation d'une défaite militaire en victoire. Elle a appelé la guerre retraite et la retraite résistance. Par elle, la résistance se nomme héroïsme et l'héroïsme victoire. Nous avons vaincu l'ennemi. Nous vaincrons aussi sa cinquième colonne qui feint d'ignorer les vertus combatives de la langue arabe.


L'élève demande au professeur : Quelle différence y a-t-il entre l'homme et l’animal ?
L'animal ne parle pas, l'homme si, répond le professeur.
Le professeur ne mentait pas et nous autres, animateurs de radio et de télévision, parlons mieux que personne.
Au Créateur des cieux et de la terre, qui nous a donné la faculté de parler, nous adressons tous nos remerciements. De fait, les avantages de la parole sont innombrables. Le jour où nous avons combattu l'ennemi, notre faculté de parler a joué un rôle très honorable. Elle a fait front avec courage, abattu des avions, détruit des chars, exterminé des soldats.
Pourquoi donc ce qui est arrivé ? Pourquoi avons-nous été vaincus alors que notre éloquence a déployé des trésors de bravoure dignes des plus grands héros ?


Le citoyen Sulayman al-Qasem a faim. Il mange un copieux journal plein d'articles à la louange du régime au pouvoir. Il y est fait l'éloge des hauts faits du gouvernement en matière d'éradication de la pauvreté.
Quand il fut rassasié, Sulayman remercia Dieu, et se mit à croire d'une foi profonde à ce que disaient les journaux.


L’animateur : Comment vous nommez-vous ?
Le jeune homme : Abd al-Mun'im al-Halabi
— Marié ?
— Célibataire.
— Que faites-vous dans la vie ?
— Je n'ai pas de travail…
— Pourquoi ne travaillez-vous pas ? Peut-être êtes-vous riche ? Ou détestez-vous le travail ?
— Je ne suis pas riche et ne déteste pas le travail. J'en cherche depuis des années.
— Quel souhait voudriez-vous voir réaliser ?
— Je voudrais mourir immédiatement.
    Il n'y a pas de doute, chers auditeurs, Abd al-Mun'im al-Halabi est un citoyen zélé. Comme vous le remarquez, il souhaite mourir pour se punir de ne point participer à l'effort de construction d'une société qui va de l'avant...






Le petit enfant demande à sa mère : A quoi servent les yeux ?
Le visage de la mère se renfrogne. Elle dit à son enfant, en le regardant d'un air inquiet et, désapprobateur. Les yeux .sont .faits pour .regarder, avec respect et amour les photographies des chefs de la nation.
L'enfant dit :'Et les oreilles ?
La peur de la .mère augmente : Les oreilles sont faites pour écouter les ordres et .les discours politiques.
— la langue7
—.La langue, n'a d'autre utilité que d'aider à avaler tes aliments une fois qu'ils ont été mâchés par les dents.
L'enfant sourit, ambigu, mais sa mère tremble, en proie à une violente terreur.


L'animatrice de télévision : Acceptez-vous, cher Khaled ibn al-Walid, d'expliquer à nos auditeurs comment vous êtes devenu un héros célèbre ?
    Je suis devenu un héros grâce aux sels Andraus. Tous .les matins je bois un verre d'eau après y avoir dissout deux cuillerées de sels Andraus. Comme chacun sait, les sels.Andraus activent le foie, dégagent l'estomac, fortifient le corps et l'esprit.


Cherchez autant que vous voudrez, monsieur le policier, ma femme n'est pas une de ces presses sur lesquelles on tire les tracts politiques subversifs.
Son rire n'est pas un complot impérialiste et ne venez pas m'expliquer que sa personne même est une critique ouverte du régime. D'autant qu'avant de l'aimer, je lui ai demandé ce qu'elle pensait du régime au pouvoir dans le pays. Elle a aussitôt répondu qu'elle lui vouait un immense amour, et c'est seulement à ce moment-là que j'ai permis à mon cœur d'aimer cette patriote consciente.
Lorsque je l'ai embrassée, la première fois nous étions aussi émus et émerveillés l'un que l'autre, comme si nous nous trouvions, criant et applaudissant, au cœur d'une marche de soutien au combat des peuples. Quelle fidélité plus grande à-ta patrie pourriez-vous exiger, monsieur le policier ?


Je suis un citoyen indigent qui ne diffère en rien de tous les autres citoyens indigents. Mes vêtements sont comme leurs .vêtements, mon estomac comme leur estomac... J'ai peur comme ils ont peur.
Quand l'Etat m'accorda la palme du mérite pour mon travail dans une de ses usines, je ne compris pas à sa juste valeur l'honneur qui m'était échu. Quelques mois plus tard, je demandai une autre augmentation, ignorant ce que coûte la bataille contre l'ennemi, et contrevenant par là même aux instructions officielles recommandant l'austérité. Je ne me rendais pas compte des maux qui s'abattraient sur la nation si ma demande était satisfaite. Je ne comprenais pas que si j'obtenais cette nouvelle augmentation, les finances de l'Etat en seraient amoindries. Et si les fonds de l'Etat venaient à manquer, il en résulterait de grandes difficultés pour trouver les sommes nécessaires pour payer le whisky, les vêtements des femmes, les automobiles et les immeubles résidentiels. Je ne voyais pas que si le whisky venait à manquer, si les femmes se mettaient en colère, si les voitures et les immeubles étaient moins luxueux, il s'ensuivrait historiquement et objectivement une diminution du contentement des dirigeants vis-à-vis du pays, ce qui ne pourrait qu'affecter leur efficience. Leurs déclarations et leurs discours deviendraient ternes et ennuyeux et cesseraient de faire peur à l'ennemi.
Ainsi, quand je demandais cette augmentation, je servais l'ennemi et favorisais le succès de sa guerre psychologique. Je dois être sévèrement châtié.
N.B. : Cette conscience soudaine à laquelle j'ai accédé n'a rien à voir avec ma convocation au poste de police. En effet, je n'y ai été interrogé que sur mes propositions en matière d'évolution du système de production.


Le policier, accoudé au parapet du fleuve, crie d'une voix rude :
— Fleuve !
— Qui m'appelle ?
— Moi !
— Qui es-tu ?
— Je suis le policier '
Les eaux du fleuve ont un tremblement. Le policier ajoute :
— Si tu ne veux pas être pourchassé et contraint de vivre le reste dé tes jours en exil, tu dois t'engager par écrit à ne pas te mêler de politique.
— Mais c'est mon pays !
    Veux-tu être jeté en prison ? dit le policier d'une voix sèche. Le fleuve exécuta les ordres du policier et fit sa soumission aux puissants de ce monde.


Aux autorités concernées :
Nous, les êtres humains misérables qui vivent dans les ruelles étroites et obscures, exigeons ce qui suit :
— Qu'on nous permette de marcher nus. Pour économiser le prix des vêtements et pour que nos corps aient l'occasion d'être exposés à l’air et à la lumière.
— Que les hôpitaux gouvernementaux procèdent gratuitement à l'ablation de nos estomacs qui perturbent nos vies de façon politiquement injustifiable.
    Qu'on nous coupe la tête, puisqu'il a été établi que ce qui fait d'un citoyen un traître, ce sont les yeux qui voient, la langue qui parle, les oreilles qui entendent, la raison qui raisonne et celle qui ne raisonne pas.


On raconte qu'un homme aimait une femme mais que celle-ci, refusait de l'épouser, II lui demanda :
— Tu ne cesses de dire que tu m'aimes ; pourquoi donc ne veux-tu pas m’épouser ? La femme répondit :
— Je t'aime, mais tu es d'une .famille où l'on n’enterre pas ses morts. Comment veux-tu que je vive avec toi dans une maison dont toutes les pièces sont pleines de cadavres ?
L'homme réfléchit un instant et dit :
— Tu as raison...Les morts ont leurs tombes hors des maisons des vivants.
II se mit à creuser un trou profond .pour y ensevelir les corps de ses ancêtres. Mais les fantômes des ancêtres et des ennemis le couvrirent de chaînes et l'enterrèrent dans le trou qu'il avait creusé.
La femme ne pleura pas mais se mit à aiguiser l'épée de son homme et à attendre qu'il revienne pour combattre les ancêtres et les ennemis.


Un lâche vivant vaut mieux qu'un mort courageux. Baise la- main des puissants, même si au-dedans de toi tu souhaites qu'elle se .brise. Si tu attends quelque chose d'un chien, dis-lui 'Monseigneur le .chien.
Sois le premier à obéir et le dernier à désobéir. Et .si la parole est d'argent, le silence est d'or. La capacité à se satisfaire est un trésor inépuisable. Reste .où l'on t'a mis et obéis aux puissants. Celui qui marche sur te chemin tout tracé arrive au but.


Le roi vit un jour un groupe d'enfants qui jouaient .dans un champ, en riant joyeusement. Il leur demanda :
— Pourquoi riez-vous ?
— Je ris parce que le ciel est bleu, répondit l'un des enfants. Un autre :
— Je ris parce que les oiseaux volent.
Le roi regarda le ciel, les oiseaux et les arbres mais n'y vit rien de lisible. Il se persuada que le rire des enfants n'avait d'autre cause que leurs plaisanteries aux dépens de sa royale Majesté. Il rentra dans son palais et prit une ordonnance interdisant de rire, mais les enfants ne prêtèrent aucune attention à l'ordre royal. Ils continuèrent à rire du bleu du ciel, du vert des arbres et des oiseaux qui volent.


Les hommes du quartier tinrent une réunion pour parler des affaires d'ici-bas et de celles de l'au-delà. Survint un personnage à- barbe blanche qui leur dit d'un ton réprobateur :
L'ennemi ne nous a vaincu que parce que nous nous sommes éloignés de notre Foi, Sachez que cette défaite est une punition et un avertissement : une punition pour les fautes que vous avez commises, un avertissement pour vous mettre en garde contre un avenir de catastrophes et de malédictions.
Un homme du quartier s'écria : Que faire ? Guide-nous.
L'homme à la barbe dit : Revenez à votre religion ! Repentez-vous ! Demandez grâce !
Un homme : Mais nous prions, nous jeûnons et ne faisons de tort à personne. Nous invoquons Dieu matin et soir !
Le barbu : Cela ne suffit pas ! Vous devez bâtir une mosquée pour porter haut te nom de Dieu.
— Construire une mosquée coûte beaucoup d'argent et nous sommes pauvres...
— Maudits soyez-vous, crie le barbu. Vous vous dérobez avec des prétextes dérisoires alors que vous dépensez tout l'argent que vous gagnez en choses futiles et transitoires. Il est sombre, le destin de celui qui préfère les biens de ce monde à la satisfaction de Dieu...
Les hommes baissent la tête, honteux.
Les gens du quartier eurent faim longtemps mais ils construisirent une mosquée au minaret tel une lance pointée vers l'espace, comme pour transpercer les avions de l'ennemi.


L'enquêteur dit à l'enfant, dans le berceau : Ne mens pas ! Dis-nous tout ce que tu sais sur tes camarades !
L'enfant ne répond pas. L'enquêteur se lâche et tonne, exaspéré : Tu oses refuser de parler !
II appelle ses hommes. Ils entrent avec leurs fouets et la nuit aux étoiles mortes...


Le vieillard agonise. Ses enfants et petits-enfants sont rassemblés, tristes, autour de lui. Il regarde de ses yeux épuisés leurs visages pâles, leurs vêtements en lambeaux et dit d'une voix faible que la tristesse fait trembler : Je vais mourir sans vous laisser ce dont vous avez besoin.
Il voudrait poursuivre mais une faiblesse soudaine l'envahit et l'oblige à se taire. Il ferme1 les yeux, tremblant du désir de dire à ses enfants et à ses petits-enfants :
La vie est étrange, mes enfants : Faites tout ce qui est mauvais et scandaleux. Répandez la dissolution sur la terre.1 Ne dites pas la vérité même si la corde de la potence est serrée à votre cou. Mentez ! Flattez les riches et les gens haut placés. Flattez les vains ; les gens creux, les vaniteux ! L'avenir est à eux et à personne d'autre.. Applaudissez ceux qui montent et injuriez ceux dont l'étoile descend. Enivrez-vous ! Ne priez pas ! Ne jeûnez pas ! Ne soyez bons pour personne. Soyez la droite et la gauche, l'Orient et l'Occident ! Méprisez les livres : le sourire d'un responsable vaut mieux que cent livres ! Ecrasez les faibles et dormez, soumis, sur le seuil des puissants ! Louez ceux qui ne méritent pas de l'être ''Applaudissez aux aboiements des chiens ! Soyez tambours, qu'on n'entende plus le chant des rossignols !"
Le vieillard fut pris d'une violente colère. Il voulut crier ce qu'il avait à dire mais la mort l'enleva à cet instant précis et fit taire l'agonisant gonflé d'amertume et de regret.


Le professeur dit à ses élèves : Comme je vous l'ai déjà dit, l'année se compose de quatre saisons. Quelles sont-elles ?
— L'automne, crie un élève.
— En automne, les feuilles des arbres jaunissent, dit le professeur, on laboure la terre et les nuages se font abondants.
L'automne est là. Les feuilles des arbres jaunissent puis tombent recouvrant les cadavres de ceux qui ont été tués à la guerre et n'ont pas été enterrés.
— L'hiver, crie l'élève.
— En hiver, il pleut et la -terré s'imbibe d'eau, dit le- professeur.
L'hiver est arrivé. Nos avions ont été abattus et leurs équipages innocents sont comme des semences dans la terre sur laquelle se déverse la pluie.
— Le printemps, crie l'élève.
    Au printemps, tout est vert, dit le professeur. Le printemps est là. La terre s'est recouverte d'herbe verte et de fleurs. Mais les mères et les villes portent toujours leurs vêtements de deuil. L'été est la saison de la moisson, dit le professeur. L'été est arrivé mais la terre ne portera pas d'épis de blé. Des avions nouveaux y mûrissent, et des hommes appareillés pour une seconde mort.


L'homme plante la lame de son couteau dans la terre Jusqu'à la garde en un mouvement vengeur. Puis il colle son oreille au sol et crie, surpris :
— La terre pleure...
Puis il colle une deuxième fois son oreille à la terre et crie, d'une voix alourdie par la joie : Elle est morte !
Quand il colla son oreille à la terre pour la troisième fois il n'entendit plus que les bottes des soldats martelant la terre en cadence, monotones.